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Discours de M. Viktor Orbán, premier ministre de Hongrie, à la 29ème Université d’été de Bálványos

Bonjour à tous !

C’est pour moi un honneur d’être à nouveau ici, et de pouvoir m’adresser à vous aujourd’hui en compagnie de M. le Pasteur Tőkés. Et pour détendre l’atmosphère je commencerai par citer une de ses remarques bien ciblées : après que Zsolt Semjén1 a dit que László Tőkés est notre boussole, il a répondu : « ne la perdez pas, cette boussole ! », ce qui est politiquement très bien vu.

Introduction

Je demande chaque année à mon ami Zsolt Németh2 de me dire de quoi je devrais parler. Je ne vais pas m’attarder sur ses différentes suggestions, mais il m’a recommandé de veiller à ce que quelle que soit l’ampleur de mes propos – nous sommes après tout dans une université d’été – ils soient toujours compréhensibles du point de vue du Pays Sicule3, de la Transylvanie et de la nation hongroise. Je le rappelle, parce que même si je me laisse aller à différentes digressions, je m’efforcerai de parler des affaires du monde d’un point de vue et dans une approche qui était, est et sera toujours pertinent pour la Hongrie. Car après tout nous sommes tous – et notre auditoire d’aujourd’hui aussi je suppose – intéressés par la même question, qui est de savoir ce qui va se passer d’ici à notre prochaine université d’été de l’année prochaine. Ce qui va se passer d’ici à juillet 2019. Je propose, pour évaluer nos perspectives, nos possibilités et nos forces, de partir de ce qui s’est passé depuis que nous nous sommes vus ici la dernière fois. Que s’est-il passé depuis un an ? Ce n’est pas la succession des événements qui nous intéresse ici, mais le sens de tout ce qui s’est passé depuis un an. C’est un lieu commun de dire que le temps s’est accéléré, et il nous arrive plus de choses, beaucoup plus de choses dans une année qu’auparavant, et c’est pourquoi il n’est pas surprenant qu’il soit difficile de croire ce qui est déjà arrivé, avant même de parler de ce qui va arriver et dont je vais maintenant essayer de dire quelques mots.

L’unification de la nation

L’événement le plus important de l’année qui vient de s’écouler est que les Hongrois du Bassin des Carpates sont parvenus à franchir un nouveau seuil psychologique. Nous avons pu saluer le millionième Hongrois qui a retrouvé sa nationalité hongroise. C’était l’événement majeur de l’année passée. Si nous n’avions fait que cela, nous aurions déjà mérité tous les éloges. Mais nous avons fait plus, et je voudrais illustrer tout ce que nous avons fait en disant que l’unification de la nation a fait place à la construction de la nation. La répétition générale en a eu lieu cette année, en avril. Les résultats confirment le succès de cette construction. Nous avons prouvé, par les élections du 8 avril, que nous autres Hongrois sommes capables de comprendre notre situation particulièrement compliquée et complexe et que, s’il le faut, nous sommes capables de décider d’une seule volonté de notre destin et de nous mouvoir comme une seule nation. D’ici, du Pays Sicule, je peux dire que les Hongrois d’au-delà des frontières ont été solidaires des Hongrois de la mère-patrie. Chaque suffrage déposé ici a été une manifestation de responsabilité envers la Hongrie. Et je voudrais vous remercier maintenant, très chaleureusement, au nom de tous les Hongrois de Hongrie, pour ce soutien et pour cette manifestation de responsabilité. En unissant nos forces, nous avons gagné une bataille difficile.

Passer du régime à l’époque

Que s’est-il passé en Hongrie? Nous avons achevé notre troisième mandature. Je voudrais rappeler aux plus jeunes le souvenir lointain de notre présence aux affaires entre 1998 et 2002, je n’ai donc pas fait de lapsus en disant que nous avons achevé notre troisième mandature et que nous entamons la quatrième. En nous remémorant l’anniversaire de la démocratie hongroise, l’année 1990, nous pouvons dire que nous avons été seize ans dans l’opposition et douze ans au pouvoir. Si Dieu nous prête vie, nous pourrons dire, à l’issue des quatre années qui viennent, que nous avons égalisé. Et comme je l’ai dit dans mon discours d’investiture, notre gouvernement est formé de sportifs, qui n’aiment pas les matches nuls. Si je considère strictement les huit dernières années, je peux dire qu’après huit années de gouvernement continu, nous avons reçu une nouvelle chance pour quatre années supplémentaires de travail. Comme l’a dit un jeune analyste, je considère que nous avons reçu mandat pour bâtir une nouvelle époque. Notre victoire de 2010 avec une majorité parlementaire des deux tiers nous a donné mandat d’achever deux décennies troublées de transition et de bâtir un régime nouveau. Cela s’est traduit en économie par la mise en place d’un « modèle hongrois », et en politique par l’instauration d’un nouvel ordre constitutionnel, sur la base de fondements nationaux et chrétiens. Avec notre victoire de 2014, toujours avec une majorité parlementaire des deux tiers, nous avons reçu mandat de stabiliser ce régime. C’est alors que nous avons créé le concept, largement moqué par nos adversaires, de Régime de la Coopération Nationale, qui n’a rien de bien original mais qui – puisque l’histoire de la Hongrie a plutôt été celle de la conservation nationale – est au fond un objectif tout à fait digne d’intérêt. Quant à notre victoire de 2018, avec encore une majorité parlementaire des deux tiers, elle n’est autre qu’un mandat pour bâtir une époque nouvelle. Mais nous devons être bien conscients que l’époque est toujours quelque chose de plus que l’ordre politique. L’époque est un environnement culturel particulier et caractérisant. L’époque est un ordre de nature spirituelle, une sorte d’atmosphère commune, peut-être aussi un monde de goût commun, une sorte de mode de comportement. L’ordre, le régime politique est en général donné par des règles et des décisions politiques. L’époque est plus que cela. L’époque est davantage donnée par des courants culturels, des convictions collectives et des coutumes sociales. C’est cette tâche qui nous attend : installer notre régime politique dans une époque culturelle. C’est pourquoi il est logique et tout sauf surprenant que le débat le plus vif de l’heure présente ait éclaté précisément sur le terrain de la politique culturelle, dès les jours qui ont suivi les élections. Si vous suivez les débats politiques et la vie publique de la Hongrie, vous comprendrez ce que je veux dire. C’est compréhensible, et c’est très bien ainsi, parce qu’après notre troisième victoire avec une majorité parlementaire des deux tiers, nous avons réellement besoin d’une approche spirituelle et culturelle, et je ne nierai pas que nous sommes au-devant de grands changements, dès la rentrée de septembre.

Stabilité

A propos de l’année qui vient de s’écouler, je peux encore vous dire que la stabilisation de notre ordre politique sur ses bases nationales et chrétiennes est un succès. La base semble solide et durable. Il est donc tout à fait justifié de nous fixer pour objectif des quatre prochaines années l’édification d’une nouvelle époque. Je voudrais rappeler très succinctement quelques faits qui expriment la stabilité du régime politique et économique que nous avons bâti après 2010. En matière de croissance, la Hongrie avait produit une croissance négative de 6% en 2009, et nous en sommes à plus 4% en 2017. Je vais maintenant citer de grands chiffres, mais ce sont les ordres de grandeur qu’il faut retenir. La Hongrie était en mesure de produire une valeur de 27 224 milliards de forints [environ 95 milliards d’euros, NdT] en 2010, et  nous en sommes aujourd’hui à 38 183 milliards [environ 125 milliards d’euros, NdT]. C’est-à-dire que nous avons augmenté notre produit intérieur de 11 000 milliards de forints sur huit ans. Tout le monde sait que nous avons mis nos finances en ordre. Nous avons remboursé les emprunts mobilisés en 2008 à la suite de la crise, nous avons renvoyé le FMI, nous gardons notre déficit sous contrôle, et nous avons ramené notre dette publique de 85% à 71%. L’on sait aussi que nos exportations sont passées de 19 690 milliards de forints [environ 70 milliards d’euros, NdT] à 31 102 milliards [environ 100 milliards d’euros, NdT]. Jamais les exportations hongroises n’avaient atteint ce niveau. La part des personnes employées dans la tranche d’âge de 15 à 64 ans est passée de 55% en 2010 à 69%, ce qui veut dire qu’il y a aujourd’hui en Hongrie 756 000 personnes de plus au travail qu’avant 2010. Les salaires ont augmenté de 60% par rapport à 2010. Notre taux de fécondité est passé de 1,25 à 1,50, et nous avons réussi à stabiliser aussi d’autres indicateurs, comme celui du nombre des médecins. Nous avons aujourd’hui 3 665 médecins de plus qu’en 2010. Le nombre des infractions a baissé de moitié, l’accès Internet à large bande est passé de 51% à 82%. Et pour citer d’autres chiffres dans un autre domaine, le nombre des spectateurs de théâtre a augmenté de 3 160 000 en Hongrie pour atteindre 7 601 000 personnes en 2017. Lorsque je parle donc de stabilité, cela couvre l’ensemble de la vie hongroise, de l’économie aux habitudes de consommation culturelle de la classe moyenne et à la diminution du nombre des pauvres.

Grands objectifs

C’est cette stabilité qui me permet de dire ce que je vais maintenant vous dire sans pouvoir être taxé de prétention ou d’irréalisme. Que peut-on faire dans cette situation ? Dans une telle situation, avec une majorité parlementaire des deux tiers à nos côtés, un gouvernement national ne peut que se fixer des objectifs ambitieux. Des objectifs qu’il aurait auparavant considérés comme inimaginables. Des objectifs qui donnent un sens au travail qui nous attend. Nous avons défini ces objectifs. Sans prétendre les développer, je vais essayer de répondre à la question de savoir ce qui va se passer ici en évoquant les plus importants d’entre eux : nous voulons qu’à l’horizon 2030 la Hongrie se trouve dans le peloton de tête des cinq pays de l’Union européenne où il fait le meilleur vivre, habiter et travailler. Nous voulons faire partie en 2030 des cinq premiers pays de l’Union par la compétitivité. Nous voulons arrêter notre déclin démographique pour 2030. Nous voulons, à l’horizon 2030, relier y compris physiquement notre petite Hongrie aux territoires qui l’entourent, avec des routes à voie rapide qui vont jusqu’aux frontières. La Hongrie devra être énergétiquement indépendante pour 2030, ce qui est une dimension majeure de notre sécurité. La centrale nucléaire de Paks devra être réalisée, et les sources d’énergie nouvelles devront devenir opérationnelles. Nous devrons faire reculer les grandes maladies, bâtir la nouvelle armée hongroise et entamer en même temps l’édification économique de l’Europe centrale.

Bassin des Carpates

Voilà les perspectives qui permettent de comprendre ce que je vais dire maintenant. Le plus important, compte tenu du lieu où nous nous trouvons, est notre projet de reconstruction de l’ensemble du Bassin des Carpates. Je considère que nous nous trouvons à un moment historique, marqué par la fin d’une solitude de cent ans de la Hongrie. Nous sommes à nouveau forts, nous sommes déterminés, nous avons du courage, nous avons de la force, nous avons de l’argent, nous avons des ressources et nous avons prouvé à nos voisins, au cours des dernières années, que ceux qui collaborent avec la Hongrie ne le regrettent pas. Le moment est venu de reconstruire le Bassin des Carpates. Nous avons une proposition à l’intention de nos voisins. Elle peut être résumée ainsi : relions enfin véritablement nos pays les uns aux autres ! Relions nos grandes villes par des autoroutes et des voies ferrées à grande vitesse. C’est tout de même une honte que de telles liaisons n’existent pas entre Debrecen et Nagyvárad [Oradea, en Roumanie, NdT], entre Miskolc et Kassa [Kosice, en Slovaquie, NdT], entre Nyíregyháza et Szatmárnémeti [Satu Mare, en Roumanie, NdT], entre Pécs et Eszék [Osijek, en Croatie, NdT], ou entre Budapest et Kolozsvár [Cluj-Napoca, en Roumanie, NdT]. Nous proposons aussi de relier nos réseaux énergétiques. C’est une honte que ce ne soit pas encore le cas. Nous proposons de coordonner nos politiques de défense, ainsi que le développement de nos forces armées. Et nous proposons enfin d’investir dans nos territoires respectifs. Nous avons déjà commencé. Je ne parle pas maintenant des investissements économiques, mais à la suite de mes entretiens d’hier avec les dirigeants des Hongrois d’au-delà des frontières, je peux vous dire que nous avons entamé, à l’échelle du Bassin des Carpates, la rénovation et la construction de près de mille écoles maternelles. Toutes ces écoles maternelles sont de langue hongroise. Nous avons donc une proposition à l’intention de nos voisins : construisons ensemble le Bassin des Carpates. Pour ce faire, une attitude de respect mutuel est bien sûr indispensable, et notre proposition ne tient que dans cet esprit. Le respect mutuel appelle à son tour le parler clair.

Roumains et Hongrois

Le centenaire nous en donne une excellente occasion. Voilà cent ans que la Roumanie est entrée dans l’ère de la Roumanie moderne. Nous comprenons que de son point de vue cela mérite d’être fêté. Mais nous demandons qu’elle comprenne que de notre point de vue il n’y ait rien à fêter. Nous demandons aussi de prendre en compte le fait que la Roumanie moderne ne sait pas, depuis cent ans, comment aborder la réalité concrète de la présence de plus d’un million et demi de Hongrois sur son sol. Nous savons que l’on prétend à Bucarest que le Pays Sicule n’existe même pas. Pour ma part, je suis d’accord avec le slogan adopté par le RMDSZ4 affirmant que le Pays Sicule existait avant même que n’existe la Roumanie moderne. Et en regardant autour de moi ici, connaissant ceux d’ici, je peux affirmer sans crainte que le Pays Sicule continuera d’exister y compris lorsque l’ensemble de l’Europe aura été conquis par l’Islam. Nous pouvons en être sûrs. Notre proposition à l’intention de tous nos voisins, et notamment à l’intention de nos amis roumains, consiste donc à cesser de nier la réalité, ce qui n’a aucun sens, et à considérer cette situation comme une richesse. Regardons la Transylvanie aussi comme une richesse, souhaitons un Pays Sicule fort, une population hongroise locale forte, car comme l’a dit Károly Kós5, il en résultera un renforcement de la Roumanie elle-même. Cette voie est praticable. Elle est ouverte, il n’y faut que la volonté politique.

Principes pour l’Europe centrale

Une fois que nous aurons bâti le Bassin des Carpates, ou parallèlement à cette édification, il nous faudra aussi bâtir l’Europe centrale, qui est plus large et représente davantage que le seul Bassin des Carpates. Nous avons aujourd’hui la possibilité, sur les années qui viennent, de bâtir cette région politique et économique vaste, forte et sûre de l’Europe que l’on appelle l’Europe centrale. N’hésitons pas à dire qu’à côté de son développement économique et de ses caractéristiques propres, l’Europe centrale est aussi une région d’une culture particulière. Différente de l’Europe occidentale. Bâtissons-la, et faisons-la accepter. Dans ce but, afin que l’Europe centrale occupe dignement la place qui lui revient en Europe, il convient de formuler un certain nombre de principes de base. J’en ai identifié cinq :

–     Chaque pays d’Europe a le droit de protéger sa culture chrétienne, il a le droit de rejeter l’idéologie du multiculturalisme ;

–     Chaque pays a le droit de protéger le modèle traditionnel de la famille, il a le droit d’affirmer que tout enfant a droit à un père et à une mère ;

–     Chaque pays d’Europe centrale a le droit de protéger les marchés et les branches de son économie qu’il considère comme stratégiques ;

–     Chaque pays a le droit de protéger ses frontières et a le droit de rejeter l’immigration ;

–     Chaque pays européen a le droit d’être attaché, pour les questions les plus importantes, au principe « un Etat, une voix », et ce droit ne peut pas être contourné au sein de l’Union européenne. Autrement dit, nous affirmons, en Europe centrale, qu’il y a une vie en-dehors de la mondialisation. Cette dernière n’est pas la seule voie possible. La voie de l’Europe centrale est celle de la communauté des nations libres. C’est cette tâche – qui dépasse les limites du Bassin des Carpates – qui nous attend.

Donald J. Trump

Voilà, c’étaient là les eaux tranquilles. Gagnons maintenant le large, quittons le Balaton pour la haute mer. Voyons ce qui s’est passé depuis un an dans le monde autour de nous. Tout d’abord, le président américain a réalisé ses promesses. Rappelez-vous le dédain avec lequel l’élite européenne a accueilli les déclarations du président américain lorsqu’il disait que son objectif est de transformer l’ordre mondial basé sur les accords multilatéraux en un ordre nouveau basé sur des accords bilatéraux. Avouons qu’au cours de l’année écoulée il s’y est mis, il y progresse systématiquement avec une précision d’horloger, et nous voyons effectivement apparaître sous nos yeux une nouvelle politique mondiale basée sur des accords bilatéraux et un nouvel ordre économique mondial. L’autre grand événement du monde qui nous entoure et qui a marqué l’année écoulée est la poursuite en avant et le développement de la Chine.

Vladimir Poutine

La troisième circonstance fondamentale que nous devons prendre en compte est que les Russes ont eux aussi réalisé leurs promesses, que les représentants des élites libérales européennes avaient accueillies avec tout autant de dédain que les américaines. La Russie a agi, et elle est à deux doigts de résoudre le problème de la fourniture de gaz à l’Europe en contournant l’Ukraine. Le North Stream sera bientôt une réalité, et les plans du Turkish Stream sont sur la table.

La « droitisation » de l’Europe

Enfin, le quatrième événement important qui a marqué l’année écoulée est la poursuite de la « droitisation » de l’Europe, qui s’est révélée être un phénomène ne caractérisant pas seulement l’Europe centrale. Rappelons-nous les résultats des élections allemandes, les élections autrichiennes, ou encore les italiennes. Un processus général de « droitisation » s’observe dans toute l’Europe. Si j’ai cité ces différentes relations, c’est parce que pour un Etat de 10 millions d’habitants, pour une nation de 15 millions de personnes telle que la nôtre il est vital de comprendre ce qui se passe autour de soi. Nous devons savoir que pour un pays de notre dimension, le risque et les conséquences de la sottise sont beaucoup plus grands que dans le cas des pays plus robustes.

Concurrence

Il est donc fondamental que nous comprenions qui veut quoi autour de nous dans le monde, que nous comprenions ce qui va se passer dans la politique internationale qui nous entoure au cours de l’année à venir. Les Américains poursuivront leur effort de conserver leur leadership mondial et de concurrencer victorieusement la Chine. N’oublions pas que la Chine a un quadruple avantage démographique sur les Etats-Unis, elle jouit de la stabilité intérieure, elle dispose désormais d’une économie moderne et technologiquement développée. Le temps et les processus en cours jouent à son avantage. Les Américains ne veulent pas s’y résoudre, et se sont rendu compte que si tout continue comme sous les présidents précédents, le résultat final est connu d’avance. Leur seule chance est de modifier les règles du jeu internationales. Personne ne sait encore à l’heure actuelle s’ils y réussiront – et s’ils y réussiront sans conflit armé –, mais nous pouvons être sûrs que cette intention est une volonté ferme et déterminée de leur part, qui marquera la politique mondiale. C’est pour cela que dans le cadre de la modification des règles du jeu ils s’efforcent de faire disparaître l’excédent commercial réalisé par l’Europe à leur encontre. C’est la signification des empoignades annonciatrices d’une guerre commerciale entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Les Etats-Unis se mettront d’accord avec la Russie sur la réduction des armements, un accord russo-américain verra le jour et ils trouveront des positions commerciales – à l’aide de sanctions s’il le faut – dans la relation Chine-USA aussi.

Ukraine

Que vont faire les Russes dans l’année qui vient ? Pour le comprendre, il faut savoir que la Russie se considère comme n’étant pas en sécurité si elle n’est pas entourée de zones-tampons. C’est pourquoi elle s’efforcera de constituer autour d’elle des zones-tampons, tout comme avant. L’Ukraine en est une des victimes. Les Ukrainiens ont décidé qu’ils ne veulent plus de cette situation reposant sur un partage d’influence 50/50 entre la Russie et l’Occident : ils veulent se joindre au monde occidental, se détacher pour cette raison de la zone d’influence russe, s’approcher de nous, entrer peut-être dans l’OTAN, dans l’Union européenne, et bâtir l’Ukraine moderne. Je ne vois pas pour eux d’adhésion à l’OTAN, et la perspective d’une adhésion à l’Union européenne est égale à zéro, et au lieu d’un nouvel Etat ukrainien je ne vois pour le moment qu’une économie ukrainienne dérivant vers l’esclavagisme lié à son endettement. L’objectif des Russes consistant à rétablir la situation antérieure ne semble pas irréaliste.

La relation entre l’Union européenne et la Russie

C’est à cette lumière que nous devons considérer la relation entre l’Union européenne et la Russie. Et permettez-moi de vous dire, en exagérant peut-être un peu mais avec détermination, que l’Union européenne poursuit aujourd’hui vis-à-vis de la Russie une politique primitive, basée sur des sanctions et invoquant des menaces pour sa sécurité. Elle n’est pas capable de faire la différence. Il faudrait pourtant la faire, parce qu’au sein de l’Union européenne il y a des pays qui peuvent effectivement se sentir menacés, qui peuvent effectivement ressentir que leur vie est chaque jour menacée par un risque sécuritaire. C’est le cas des pays baltes, et aussi de la Pologne. Ce sentiment est justifié à la fois par l’histoire et par le positionnement géographique. Il est en même temps tout à fait clair que la Hongrie ne ressent pas une telle menace, les Slovaques non plus, les Tchèques non plus, l’Europe occidentale non plus, et nous avons nos raisons de penser ainsi. Il est clair qu’il n’existe pas de politique qui satisfasse tout le monde, et c’est pourquoi il serait préférable que l’OTAN et l’Union européenne assurent aux Polonais et aux Etats baltes des super-extra garanties de sécurité et laisse enfin les autres régions de l’Europe commercer, mettre en œuvre des coopérations économiques et intégrer les possibilités ouvertes pour les matières premières, l’énergie et le commerce dans leurs perspectives propres de développement économique. Ce n’est pas d’une politique primitive, mais d’une politique articulée que l’Union européenne a besoin avec la Russie.

Le Proche-Orient

Je dois encore parler d’un autre groupe de pays, qui échappe systématiquement à notre première attention. Il s’agit de la Turquie, d’Israël et de l’Egypte. Je ne voudrais pas m’attarder sur leur cas, mais je pense qu’il est bon que vous sachiez ici, à Tusnádfürdő et dans le Pays Sicule, que la sécurité du Pays Sicule, du Bassin des Carpates et de l’Europe tout entière repose aujourd’hui sur la stabilité de ces trois pays et sur leur capacité à freiner et à arrêter les flux migratoires musulmans susceptibles de se déclencher depuis leurs territoires. La perte de sa stabilité par n’importe lequel de ces trois pays aura de très lourdes conséquences sur la sécurité de l’Europe tout entière. Souvenez-vous : lorsque dans le cadre du printemps arabe l’Egypte a perdu pour une courte période sa stabilité, quelles en ont été les conséquences. Mais c’est vrai pour la Turquie aussi. L’on peut aimer ou ne pas aimer son président, l’on peut sympathiser ou pas avec son régime politique, une chose est sûre : nous avons besoin d’une Turquie stable, qui nous protège d’un afflux incontrôlé de masses de migrants. Nous pouvons dire la même chose d’Israël. S’il n’y a pas Israël, une zone géographique musulmane radicale se constitue, clairement lourde de menaces pour l’Europe. Notre intérêt est donc que ces Etats gardent leur stabilité, avec des régimes politiques stables et une gouvernance politique et des gouvernants stables.

La force militaire européenne

L’on ne peut tirer de tout cela pour l’Europe qu’une seule conclusion. Dans une situation internationale aussi complexe et changeante, nous ne pouvons pas continuer à vivre comme avant. Il est inconcevable que l’Europe ne puisse pas se doter elle-même des forces nécessaires à sa propre protection. Nous ne pouvons pas vivre éternellement de l’argent des Américains et sous le parapluie protecteur des Américains. Il est bon qu’ils soient là, nous avons besoin d’eux, nous avons besoin de l’OTAN, mais l’Europe doit disposer de ses capacités de défense propres. C’est pourquoi nous aurons besoin d’une force armée européenne. Les conditions financières sont là, les conditions technologiques aussi, il ne manque que la détermination politique. C’est ce que nous devrons réaliser dans la période qui s’ouvre.

Le déclin de la civilisation européenne

Et enfin, je voudrais dire quelques mots de l’Europe. C’est le tronçon le plus accidenté de mon propos, attachez vos ceintures. Ce que je peux dire, Mesdames et Messieurs, en regardant l’Europe et en pensant à l’année qui nous attend, c’est que l’Europe a été une grande civilisation. L’Europe a été un centre de force qui a formé le monde. Elle l’a été parce qu’elle a osé penser, elle a osé agir, elle a fait preuve de courage et elle a entrepris de grandes choses. Si nous considérons les différentes civilisations dans une perspective spirituelle, nous pouvons constater – et il y a une abondante littérature là-dessus – qu’elles se construisent sur quatre piliers. Les civilisations sont des phénomènes de nature spirituelle. Leurs piliers sont la religion, la création artistique, la recherche et l’esprit d’entreprise. C’est de cela que se nourrit une civilisation. Si nous portons notre regard sur notre Europe, que voyons-nous ? Qu’en matière de religion, elle a renié ses bases chrétiennes ; qu’en matière de création artistique, nous connaissons la censure et l’on nous contraint au « politiquement correct » ; qu’en matière de recherche, nous sommes dépassés par les Etats-Unis, et bientôt par la Chine ; et qu’en matière d’esprit d’entreprise, ce dernier a été supplanté par l’esprit bureaucratique qui domine aujourd’hui Bruxelles et la réglementation de l’économie. Ces phénomènes, Mesdames et Messieurs, ne sont pas nés hier, mais ils ont pris toute leur acuité sous l’effet de la crise économique de 2008.

La faillite de l’élite européenne

La gravité de la situation – je veux dire la gravité de la situation de la civilisation européenne – est apparue au plein jour sous l’effet de la crise migratoire. Pour simplifier, nous sommes confrontés à une situation où les dirigeants de l’Europe sont inadaptés, parce qu’ils se sont avérés incapables de protéger l’Europe contre la migration. L’élite européenne a fait faillite, et le symbole de cette faillite est la Commission européenne. C’est une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c’est que les jours de cette Commission sont comptés. Je les ai même comptés : il lui reste 300 jours à tirer, et son mandat prendra fin. La Commission est une composante importante de l’Union européenne, et ses décisions entraînent des conséquences importantes pour les Etats-membres, ainsi pour la Hongrie aussi. La situation est que la Commission, d’après le Traité constitutif, est la gardienne de ce traité, plus précisément des traités. C’est pourquoi elle doit être non-partisane et impartiale, et elle doit garantir les quatre libertés. Au lieu de cela, la Commission européenne d’aujourd’hui est partisane parce qu’elle prend parti pour les libéraux, elle est partiale, parce qu’elle agit contre l’Europe centrale et elle n’est pas l’amie de la liberté, parce qu’au lieu d’agir en faveur des libertés elle œuvre à l’avènement d’un socialisme européen. Réjouissons-nous que ses jours soient comptés. Et après cela, posons-nous la question de savoir pourquoi l’élite européenne – qui aujourd’hui est une élite exclusivement libérale – a fait faillite ?

L’Europe de la société ouverte

A cette question, nous pouvons donner la réponse suivante. Pour ce qui me concerne du moins, je cherche la réponse dans le fait qu’en premier lieu elle a renié ses racines, et qu’au lieu d’une Europe reposant sur ses bases chrétiennes elle bâtit l’Europe de la société ouverte. Dans l’Europe chrétienne, le travail était respecté, l’homme avait sa dignité, l’homme et la femme étaient égaux, la famille était la base de la nation, la nation était la base de l’Europe, et les Etats étaient garants de la sécurité. Dans l’Europe de la société ouverte d’aujourd’hui, il n’y a plus de frontières, les Européens sont interchangeables avec les immigrés, la famille est devenue un cadre de cohabitation variable selon les goûts, la nation, la conscience nationale, le sentiment d’appartenance à une nation sont considérés sous clef négative et comme devant être dépassés, et l’Etat ne garantit plus la sécurité en Europe. Etre Européen dans l’Europe libérale ne signifie en réalité rien, cette Europe ne donne aucune orientation, elle n’est qu’une forme sans contenu. Et de plus, Mesdames et Messieurs, la démocratie libérale s’est transmuée – je fais maintenant droit à la provocation de M. le Pasteur Tőkés, comme quoi je dois dire quelque chose de l’illibéralisme – la démocratie libérale s’est donc transmuée pour devenir une « non-démocratie libérale ». Cela veut dire qu’en Occident il y a le libéralisme, mais pas la démocratie.

Censure en Occident

Nous pouvons justifier notre argumentation sur le déficit démocratique par le fait qu’en Europe occidentale la limitation de la liberté d’expression et la censure sont devenues générales. Les dirigeants des Etats et les géants de la technologie contrôlent conjointement les informations désagréables pour l’élite libérale. Ceux qui ne le croient pas n’ont qu’à consulter ces sites, ils n’ont qu’à aller sur les réseaux sociaux et voir avec quels trésors de ruse et d’ingéniosité ils effacent les accès aux informations négatives relatives aux migrants et aux questions qui leur sont liées, et comment ils empêchent les citoyens de l’Europe de connaître la réalité. La conception libérale de la liberté d’expression conduit les libéraux à considérer la diversité des opinions comme importante jusqu’au moment où ils constatent avec stupéfaction qu’il existe également d’autres opinions. La liberté de la presse « à la libérale » nous rappelle la vieille blague soviétique, qui disait que quelle que soit la manière dont on assemble le produit de l’usine de bicyclettes, il en sortira toujours une mitrailleuse. Cette liberté de la presse « à la libérale », quelle que soit la manière dont on l’assemble, produira toujours de la censure et du politiquement correct.

Les élections européennes de 2019

Voilà le diagnostic que je peux faire. Voyons ce que nous pouvons espérer après tout cela. Que devons-nous faire, que pouvons-nous faire ? Pour ma part, je vous donne à tous le conseil de concentrer toutes nos forces sur les élections européennes de 2019. Bon nombre d’entre vous se souviennent certainement que ces élections européennes, qui reviennent tous les cinq ans, étaient un peu considérées par-dessus la jambe, et qu’on ne leur attribuait pas grande signification. Je rappelle aussi que les élites européennes se plaignaient régulièrement qu’il était bien dommage que chaque élection européenne porte en fait sur des affaires nationales et qu’il n’y ait pas de sujet constitutif d’une grande question européenne sur laquelle pourraient se prononcer ensemble les citoyens de l’Europe. Je vous signale que cette situation a pris fin. Il y a désormais une question sérieuse qui intéresse l’Europe tout entière, et sur laquelle – à l’exception de la Hongrie, où nous avons organisé un référendum sur le sujet – les gens n’ont nulle part été interrogés, et de laquelle il est grand temps qu’une élection européenne fasse son thème central : la migration, et l’avenir qu’elle nous réserve. C’est pourquoi je suggère que dans l’année qui s’ouvre nous concentrions toutes nos forces sur ces élections, qui seront déterminantes pour notre avenir. Si l’Europe décide en faveur de la migration, elle décide bien entendu aussi de ce que nous appelons l’élite européenne, et répond à la question de savoir si cette élite a bien géré le phénomène migratoire. L’élite européenne est visiblement nerveuse. Elle est nerveuse, parce qu’à la suite des élections européennes qui nous attendent, et sous l’effet d’un éventuel résultat favorable à notre bord, la vaste transformation de l’Europe, que nous appelons chez nous le « plan Soros », subirait un coup d’arrêt. Le grand objectif de transformation de l’Europe et de son passage à l’ère post-chrétienne, à l’ère post-nationale, ce processus est susceptible de se casser les dents sur les élections européennes, et notre intérêt fondamental, Mesdames et Messieurs, est que ce soit bien le cas.

L’entrave à une majorité politique chrétienne

Nos adversaires sont à deux doigts du succès. Nous ne nous en rendons même pas compte. Et nous ne nous rendons pas compte non plus de la signification de ce risque. Sans vouloir être trop long, je voudrais en donner une brève illustration. Si vous vous remettez en mémoire les dernières cent et quelques années de la démocratie européenne, vous pourrez découvrir la structure qui a été déterminée par la compétition entre les communautés demeurées pour l’essentiel fidèles aux traditions chrétiennes, disons les partis chrétiens-démocrates d’une part, et les formations qui contestaient cette tradition et s’en éloignaient, disons les partis de gauche ou les partis libéraux d’autre part. L’Europe progressait au rythme de la concurrence que se livraient ces deux forces, dont tantôt l’une, tantôt l’autre avait le dessus. Cette compétition était salutaire, dans la mesure où elle libérait les énergies et les forces spirituelles. Au fond, c’est cette alternance qui a assuré le développement de l’Europe. C’était une concurrence à la fois politique et spirituelle. Voilà comment fonctionnait l’Europe jusqu’à maintenant. C’était cela, la politique européenne, c’est ainsi que se décidaient les rapports de force au sein de l’Europe. Mais si maintenant, mes chers amis, l’on en arrive à une situation où tel ou tel pays se retrouve avec une population musulmane de dix pour cent ou plus, dont nous savons qu’elle ne votera jamais pour un parti chrétien, et si nous l’ajoutons à la population des Européens de souche qui n’ont pas d’attachement pour les traditions chrétiennes, il est clair que l’on ne pourra plus jamais gagner d’élections en Europe sur une base chrétienne. Les groupements fidèles aux traditions chrétiennes seront définitivement exclus des sphères du pouvoir et l’avenir de l’Europe se décidera sans eux. Voilà la situation, voilà le but recherché, et nous en sommes très proches, Mesdames et Messieurs !

Démocratie chrétienne

C’est pour cela que les élections de l’année prochaine seront déterminantes pour nous, que nous devrons montrer, dans ces élections, qu’il existe une alternative à la démocratie libérale, qui s’appelle la démocratie chrétienne, et qu’il est possible de renverser l’élite libérale pour la remplacer par une élite chrétienne. Il y a naturellement beaucoup de malentendus en Europe centrale autour de la relation entre le christianisme et la politique, et je dois ouvrir ici une parenthèse. La démocratie chrétienne ne veut pas dire que nous soutenons des articles de foi, en l’occurrence ceux de la foi chrétienne. Ni les Etats, ni les gouvernements ne sont compétents en matière de salut ou de damnation. Une politique démocrate-chrétienne signifie la défense des formes d’existence issues de la culture chrétienne. Pas des articles de foi, mais des modes de vie qui en sont issus : la dignité de l’homme, la famille, la nation. Le christianisme ne veut pas parvenir à l’universalité au travers de l’élimination des nations, mais bien au travers de leur maintien. Il en va de même pour nos communautés religieuses, qu’il faut également protéger et renforcer. C’est cela le rôle de la démocratie chrétienne, pas de s’occuper des articles de foi.

Démocratie illibérale

Arrivés à ce stade, il ne nous reste plus qu’un seul piège à éviter. C’est un piège de nature spirituelle, inhérent à la nature humaine : l’homme ne sort pas volontiers de sa zone de confort, il ne s’engage pas volontiers dans les débats, il fait volontiers des concessions, mais ce comportement est plus néfaste qu’avantageux dans les débats de nature spirituelle. C’est ici que se balance sous nos yeux un leurre. Ce leurre, c’est que la démocratie chrétienne peut au fond être aussi libérale. Gardons notre calme pour ne pas nous retrouver piégés, parce que si nous acceptons cet argument, c’est tout notre combat qui tombe à l’eau et nous aurons travaillé pour rien. Affirmons tranquillement que la démocratie chrétienne n’est pas libérale. La démocratie libérale est libérale, mais la démocratie chrétienne, par définition, ne l’est pas. Elle est, si vous voulez, « illibérale ». Nous pouvons le démontrer dans quelques questions importantes, et très concrètement dans trois cas : la démocratie libérale soutient le multiculturalisme, la démocratie chrétienne donne la priorité à la culture chrétienne, ce qui relève d’une pensée « illibérale » ; la démocratie libérale soutient la migration, la démocratie chrétienne est contre, ce qui est une pensée clairement « illibérale » ; et la démocratie libérale soutient les modèles de famille à géométrie variable, alors que la démocratie chrétienne soutient le modèle de famille traditionnel, ce qui est aussi une pensée « illibérale ».

L’élite soixante-huitarde

Rassemblons donc nos forces, assumons ce débat spirituel, et équipons-nous ainsi en vue des élections européennes. Nous nous trouvons devant un grand moment, et nous verrons s’il se réalise. Nos chances sont là. Ce n’est pas seulement à la démocratie libérale, et au système libéral non démocratique qui s’est construit dessus que nous pourrons dire adieu en mai prochain, mais à l’ensemble de l’élite soixante-huitarde avec ses armes et ses bagages.

Les « quatre-vingt-dixards »

Si l’élite soixante-huitarde dégage, il ne nous reste plus à répondre qu’à une seule question : qui vient ? A cette question, il faut répondre modestement : nous. Posément, tranquillement, avec retenue, nous devons dire que les « quatre-vingt-dixards » viennent prendre la place des soixante-huitards. La génération anticommuniste, chrétiennement engagée, de sensibilité nationale arrive maintenant dans la politique européenne. Il y a trente ans, nous croyions encore que l’Europe était notre avenir. Nous croyons aujourd’hui que c’est nous qui sommes l’avenir de l’Europe. En avant! Merci pour votre attention !